

Le deuil à la suite d’un suicide semble souvent difficile et complexe. Cette semaine, pour en parler, je laisse la parole à Josée Masson, fondatrice et directrice générale de Deuil-Jeunesse. Madame Masson est une référence en matière de deuil au Québec. Si vous ou un proche vivez un deuil difficile en lien avec le suicide d’un proche, n’hésitez pas à demander de l’aide. Plusieurs ressources sont disponibles pour vous accompagner. Retrouvez-les au bas de l’article.
Le suicide vient de frapper, et il vous touche en plein cœur… Vous ne vous en attendiez pas, vous ne saviez pas, vous cherchez à travers vos émotions confuses à comprendre. Ça fait mal, c’est flou, mais c’est quoi ça le deuil vécu suite au suicide d’un être cher ? Bien que le deuil soit très unique à chacun, beaucoup d’éléments l’influencent notamment notre personnalité, notre réseau, notre vécu, notre lien avec cette personne et le type de décès. Chaque type de décès colore le deuil de certaines particularités.
Le fait qu’un décès soit prévisible et l’autre non ne fait pas qu’on a plus ou moins de peine que l’autre. Cela colore le deuil différemment. Dans le cas du suicide, le caractère subit nous prend par surprise. Le fait que ce ne soit ni accidentel, ni lié à un trouble de santé physique, amène aussi des particularités. Malgré cela, si vous êtes plusieurs proches à lire ce texte, rappelez-vous que vous êtes le seul à ressentir exactement ce que vous vivez. C’est ça la complexité du deuil : on a du mal à saisir ce qui nous arrive et on ne connaît pas vraiment ce qui arrive à l’autre et ça, c’est peu importe le type de décès.
Les 3 règles importantes
La première règle : ne jamais se comparer aux autres. Le suicide d’un être cher nous poussera à nous rassembler et à tenter de trouver des réponses aux éléments flous ou absents de l’histoire. Il ne faut pas succomber au désir que les autres vivent comme nous cette épreuve. Ni nous obliger à être comme eux. Il y a quelque chose de très personnel dans le deuil. Le deuil ne peut se défendre comme on défendrait un point de vue. Le deuil c’est un état qui nous amène tellement dans des zones jusqu’ici souvent inconnues.
Deuxième règle : bien que ce soit tout à fait normal de se poser des questions, sachez que tout le temps que vous y mettez vous éloignera de vos émotions. Et malheureusement, ce temps ne vous apportera pas nécessairement de réponses. Les réponses font partie des secrets bien cachés qui habitent l’être cher décédé. Parfois, on trouve des petits bouts d’explications. Mais rappelez-vous que la vérité appartient à celui qui ne pourra vous la révéler.
Il faut donc, troisième règle, tente de ne pas passer tout son temps à tenter de comprendre. Il faut plutôt prendre le temps de sentir et de laisser émerger nos émotions. Les ressentir, les nommer, les écrire, les accepter, les partager… C’est la règle la plus importante dans le deuil, se brancher sur ce que cette mort nous fait vivre afin d’identifier nos besoins.
Vous vivrez des émotions
La mort d’un être cher nous transforme, nous fait explorer la douleur. La mort d’un être cher par suicide nous plonge dans le choc et dans l’analyse de notre comportement envers lui. Cela nous provoque des émotions aiguës. C’est émotions peuvent passer de la peine à la colère, au sentiment de culpabilité sans crier gare. On cherche ce qu’on a fait ou ce qu’on n’a pas fait. Mais en fait : vous avez fait ce que vous pouviez. Si on connaissait les heures de décès de tous nos proches, on passerait notre vie à préparer leur mort, mais ce n’est pas ça la vie. Vous viviez à ses côtés, vous ne prépariez pas sa mort alors non, vous ne pouviez tout voir ni tout savoir ou tout deviner.
Maintenant que sa souffrance se multiplie sur tous les gens qu’il aime, mon prochain conseil sera de trouver autour de vous des gens capables d’entendre la vôtre, de l’accompagner dans la bienveillance, et ce, sans que vous n’ayez peur de vos mots ni de vos émotions. Le deuil qui se raconte dans la confiance et qui s’exprime sans censure fait beaucoup moins de ravage que celui qui s’imprime en nous sans lieu pour le raconter…
Merci à Josée Masson, fondatrice et directrice générale de Deuil-Jeunesse pour ces mots.
Si vous ou un proche vivez des moments de détresse, un deuil difficile ou avez simplement des questions, référez-vous à ces professionnels :
- Association québécoise de prévention du suicide : 1-866-APPELLE (1-866-277-3553)
- Deuil-Jeunesse : 1-855-889-3666
- Maison Monbourquette : 514-894-8981
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