
Ce n’est pas un secret, le taux de crémation est très élevé au Québec. Depuis que l’Église a accepté ce mode de disposition en 1963, le nombre de crémations a augmenté de façon fulgurante. Pourquoi les Québécois ont-ils adopté cette pratique de façon si dramatique ? Aujourd’hui, le taux de crémation directe sans exposition est à environ 65 % dans la province. Saviez-vous que ce taux est parmi les plus élevés du monde ? Un autre taux est parmi les plus hauts du monde au Québec : le taux de dépression lié au deuil.
Ne pensez pas que je suis contre la crémation, ce n’est pas le cas. Je rêve d’assister à une crémation traditionnelle hindouiste ! Ce type de crémation est riche en rituels et en traditions. Ce qui me dérange, c’est l’absence de rituels significatifs dans une société qui a de plus en plus de deuils problématiques qui aboutissent en dépression. Il n’y a pas de problème avec ce mode de disposition, le taux de crémation pourrait être à 100 % sans souci. Le taux d’exposition devrait cependant également être 100 %.
Les professionnels du deuil et les psychologues s’entendent presque tous pour dire que l’exposition du corps est très importante pour un deuil sain. Voir le défunt est une étape importante à la suite du décès. Pourquoi, malgré les recommandations de tous les professionnels, les Québécois optent-ils pour la crémation directe ?

« Brûler le corps ne brûle pas le deuil »
Certaines personnes croient que de ne pas voir le corps les aidera dans leur processus de deuil. Le déni ne répare rien cependant. Ne pas voir le corps d’un proche n’efface pas le décès de cette personne. Les Québécois ont rejeté la religion et ses rituels. Nous avons oublié de les remplacer par d’autres rituels significatifs au décès. Se mettre la tête dans le sable ne vous évitera pas d’avoir à traverser un deuil. Il est illusoire de croire qu’en ne voyant pas la personne une dernière fois, notre vie ne sera pas affectée et que nous n’aurons pas de peine. Un proche est décédé. Son décès doit être souligné, les gens ont le droit de dire au revoir, c’était une personne significative pour certains.
« Ce que vous épargnez en frais funéraires risque d’être investi chez un psychologue. »
Parfois, la raison de la crémation directe sans exposition est simplement un choix économique. « On l’a vue à l’hôpital, pourquoi payer pour une thanatopraxie !? » Ce n’est pas tout le monde qui a eu la chance de la voir à l’hôpital. Et ceux qui l’ont vue, ils ont souvent un souvenir d’une personne malade et souffrante. Lui dire un au revoir lorsque la personne décédée a l’air paisible et en paix laisse un meilleur souvenir aux proches. Choisir la crémation directe pour économiser, c’est souvent de reporter la dépense. Les psychologues accompagnent beaucoup de personnes qui ont un deuil problématique. Souvent, une longue thérapie couteuse aurait pu être évitée par des rituels funéraires. L’humain a besoin de faire ses au revoir, c’est normal. C’est pourquoi les rituels funéraires sont observés depuis la nuit des temps, et ce, dans toutes les civilisations du monde.
Dans le reste du monde
Commençons par parler de nos voisins. En Ontario, le taux de crémation directe sans exposition est à 18 %. Aux États-Unis, ce taux atteint aujourd’hui les 25 %. Au Royaume-Uni, le taux de crémation est environ le même qu’au Québec. Cependant, seulement 7 % des défunts ne sont pas exposés avant une crémation. Pourquoi sommes-nous les seuls à éviter les derniers adieux ? C’est une question qui tracasse beaucoup de professionnels du deuil. Rappelez-vous qu’en brûlant rapidement un corps, on ne brûle pas la peine que son départ a faite à tous ses proches.
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