Le deuil et la santé mentale

Le deuil n’est pas un problème de santé mentale. Le deuil n’est pas une dépression. Un deuil normal ne doit pas être médicamenté. C’est un processus normal qui débute après la perte d’une personne. Le deuil sera vécu par tous les humains qui vivent sur cette terre. Pourtant, notre société n’a jamais eu autant de dépressions liées au deuil. Qu’est-ce qui explique ce problème grandissant ?

Plusieurs explications sont possibles. La première est bien simple ; lorsque la religion catholique fut mise de côté, les rituels ont également été mis de côté. En tassant les rituels funéraires traditionnels, nous avons oublié de les remplacer par des nouveaux. Avant, les corps étaient exposés plusieurs jours. Tous les membres de la famille ainsi que tous les proches de la personne décédée avaient le temps de venir faire leurs adieux. Aujourd’hui toutefois, la crémation directe empêche certains de voir une dernière fois la personne décédée et cela peut affecter la santé mentale de ceux-ci.

Une autre explication peut être que notre société basée sur la performance. La rentabilité, le travail et l’accomplissement professionnel sont au centre de notre culture. Vivre un deuil demande un temps d’arrêt. Le deuil implique différentes émotions qui doivent être vécues. La loi prévoit jusqu’à cinq jours de congé, dont maximum trois payés, pour la perte d’un être cher. Le deuil ne dure pas cinq jours. La perception est qu’après ce délai, nous sommes dans un état d’esprit assez performant pour travailler. Dans la plupart des cas, cela est faux. Le retour à la vie normale ainsi qu’à sa routine peut être bénéfique pour certains. D’autres auront besoin d’un temps d’arrêt plus long avant de retourner à leurs habitudes.

Constater le décès

La visualisation du corps a été identifiée comme une étape très importante pour le deuil. Pourtant, nous oublions cette partie trop souvent. Certains disent : « nous l’avons vu à l’hôpital avant qu’elle décède » ou « nous lui avons dit au revoir lorsqu’il est décédé au CHSLD ». Qu’en est-il des autres ? Tous les gens qu’il a connus n’étaient surement pas à son chevet… Son meilleur ami qui vit dans une autre ville n’a pas pu lui dire ses adieux. Un être cher n’est pas toujours un membre de la famille. N’oubliez pas que vous n’étiez pas les seules personnes dans la vie du défunt. Ils ont besoin de faire leur deuil également.

Vivre ses émotions

Le deuil ne se guérit pas, il se vit. Votre peine est normale. Votre colère est normale. Vos émotions sont normales. Éviter ses sentiments n’enlève pas la douleur. Bien au contraire. Le deuil ne se traverse pas en une semaine. En fait, chaque deuil est différent. La perte d’une personne qui est dans l’ordre normal des choses prend souvent moins de temps qu’un décès qui n’est pas dans l’ordre naturel. Par exemple, la perte d’un enfant est suivie d’un deuil souvent plus long que la perte de ses grands-parents. Le temps normal pour faire un deuil est tout simplement le temps dont vous avez besoin.

N’hésitez pas à parler de ce que vous vivez. Si vous ne savez pas vers qui vous tourner, vous pouvez toujours téléphoner au 1-888 LE DEUIL (1-888-533-3845), une personne vous répondra. Vous pouvez aussi faire appel à un psychologue, il vous écoutera dans ces moments difficiles. Le deuil est une étape qui suit la perte d’un être cher. Il n’est pas un problème de santé mentale et n’est certainement pas une faiblesse. Assurez-vous de prendre tous les outils pour que votre deuil soit le plus sain possible et n’aboutisse pas en dépression.